Oui, j'ai été bouleversée par ce film. La misère qu'on y voit nous est inaccessible, pour la plupart d'entre nous qui vivons à notre faim sous le ciel clément de France.
Et Zaïn, le petit héros de cette histoire est une figure. L'enfant qui joue autant que son personnage nous laisse dans une interrogation profonde : comment fait-il ? Où trouve-t-il l'énergie démesurée de vivre dans de telles conditions ?
Où puise-t-il ses ressources pour demeurer juste dans un monde cruel et injuste ?
Zaïn, l'enfant interroge la justice - au sens propre et au sens figuré - puisqu'il met ses parents en procès : "Je vous accuse de m'avoir mis au monde alors que vous êtes incapable d'élever vos enfants".
Nadine Labaki, la réalisatrice, n'accable même pas les parents auxquels elle donne un droit de réponse. Elle nous montre simplement le combat d'un David contre Goliath. Un petit David, qui interroge les choix épineux : comment accepter de marier une enfant de 11 ans à un adulte pour garder un toit ?
C'est la misère qui est révoltante au final.
Mais je me suis aussi prise à être émue aux larmes par le courage et la ténacité d'un enfant. Un miséreux d'aujourd'hui qui éclaire tous les pauvres de son éclat.