Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
mariehelenechiocca.over-blog.com

Impressions d'écrivain au coeur de la France profonde... en résonance avec le monde

DES JOURS PARFAITS

Publié le 27 Février 2024 par Marie-Helene Chiocca

DES JOURS PARFAITS

"Perfect Days" n'y a-t-il aspiration plus parfaite que de mener à bien sa vie, jour après jour. Le dernier film de Wim Wenders m'a enchantée...

Je savais que j’aimerais ce film. On m’en avait parlé, incidemment, sans insister : « un beau film qui devrait te plaire ». Je viens de regarder « Perfect Days », le dernier film de Wim Wenders.

Cet homme qui nettoie parfaitement les toilettes de Tokyo, je m’en étais fait une image un peu semblable à celle du Dernier des Hommes ; j’ai d’abord vu un très bel homme vivant chacune de ses journées.

C’est ce que raconte, je crois, ce film, l’art de vivre chaque jour ; jours qui se répètent, les mêmes, mêmes gestes, mêmes actions, même travail, même collègue, mêmes rituels du bain et de la bière après le travail. Mais chaque geste, chaque attention à faire et bien faire prend une dimension singulière, unique, dans le silence de la solitude où Hirayama semble avoir oublié la parole, ou plutôt où les mots de ceux qu’il croise sonnent vides à nos oreilles entrées dans son silence habité.

Or, dans cette répétition du même enrichie de l’art de faire bien  (nous suivons Hirayama dans son travail et assistons à la précision des détails de son nettoyage) nous voyons que son œil ne perd rien de ce qui l’environne. Il est bien là, présent au monde, nullement perdu en lui-même. Et son regard ajoute de la vie  à la vie. Il sait voir le tout petit arbre en train de naître au pied du grand arbre et le ramasse pour l’ajouter à tous ceux qu’il arrose chaque matin. Lorsqu’il sort pudiquement des WC pour laisser la place aux utilisateurs, l’ombre chinoise des arbres ne lui échappe pas, comme la beauté  de l’arbre auprès duquel il déjeune et qu’il photographie chaque jour.

Sa vie est marquée d’événements minuscules. Une vie apaisée qu’il semble traverser comme une méditation.

Mais la vie – et c’est merveilleux – ne se laisse pas réduire ni enchaînée aux mailles de l’habitude. L’imprévu surgit. Le face à face avec le passé, les K7 des années 70 qu’il écoute en chemin, les livres d’auteurs qui lui tiennent de chevet disent aussi que quelque chose s’est arrêté, n’a pas été franchi. Comme des revenants, sa nièce et sa sœur reviennent à lui. Et dans ce silence profond, cultivé, la vie simple qu’il a choisi, l’émotion jaillit avec l’amour, la tristesse et la joie.

 

Marie-Hélène Chiocca – 24 février 2024

 

 

Commenter cet article